Bienvenue dans le projet d'architecture de Flore
Cette semaine, nous vous emmenons en Normandie à la découverte d'une maison de maître du XIXème siècle. Pour ce premier projet à la campagne, Flore, décoratrice, a repensé tout l'espace afin de moderniser l'ambiance. Un décor sobre et épuré, composé essentiellement de meubles d’époque et de belles pièces ornementales. Dans cette maison, à l’exception du canapé et de la cuisine, tout a été chiné. Suivez le guide !
Flore, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Flore et je suis décoratrice à Paris. J’accompagne mes clients dans leurs projets de rénovation, d’aménagement et de décoration. Mon goût pour l’ancien m’a conduite à me spécialiser dans des projets à l’esthétique rétro dans lesquels j’aime associer mobilier d’époque, objets contemporains et pièces d’art et d’artisanat.
Comment t’es venue l’idée d’être architecte d’intérieur ?
C’est après avoir mené un premier projet personnel que j’ai eu envie d’embrasser ce métier. Venant du monde des arts appliqués, ce n’était pas un 180 degrés par rapport à ma première vie professionnelle dans laquelle j’avais d’abord exploré le design graphique plutôt que le design d’espace. C’est donc un petit virage que j’ai accompli après une formation complémentaire à l’initiale. Les arts décoratifs ont toujours fait partie de ma vie. Mes parents tenaient une galerie d’objets d’art et d’artisanat, ils m’ont ouvert le regard sur le beau très jeune et c’est rapidement devenu une obsession.
Où sommes-nous ?
Nous sommes dans une vieille maison de maitre en briques comme il en existe de nombreuses dans le Calvados. Les maisons de maitre sont d’anciennes bâtisses qui étaient occupées à l’origine par des propriétaires de terres agricoles. Celle-ci date du XIXe siècle. Un premier chantier à la campagne, différent des projets haussmanniens que j’avais réalisés jusqu’ici. Lorsque j’ai vu les lieux pour la première fois, la maison était encore occupée par les anciens propriétaires et elle était surchargée de meubles. L’avant-après est assez impressionnant. Nous sommes partis de zéro et nous avons dû rénover, meubler et décorer entièrement la maison. L’objectif était de respecter l’authenticité du lieu tout en le modernisant et en le rendant plus fonctionnel.
Nous avons légèrement revu le plan du rez-de-chaussée en ouvrant la cuisine sur la salle à manger de manière à faciliter la circulation dans l’espace et à créer une double exposition nord-sud qui a apporté une luminosité considérable. Au sol, nous avons opté pour un beau parquet de chêne à la pose cloutée, à la fois chaud et noble. Au premier étage, un plancher récent et basique en pin orangé n’était vraiment pas joli. Nous l’avons peint en blanc et cela a apporté beaucoup de lumière et permis de révéler ses chanfreins et surtout les beaux meubles aux douces courbes sombres que l’on a choisis ensuite.
Côté ambiance, nous avons fait le choix d’un décor très clair, sobre et épuré, à l’inverse de ce qui existait auparavant, composé essentiellement de meubles d’époque et de belles pièces ornementales. Ici, à l’exception du canapé et de la cuisine, tout a été chiné.
Où trouves-tu tes inspirations ? Quelles ont été celles pour cette maison ?
Ma toute première inspiration, c’est la maison de ma grand-mère, en Bretagne. Elle n’était pas exceptionnelle en matière de goût ou de décoration mais il y avait quelques vieux objets très beaux, intemporels. Il régnait aussi dans cette vieille ferme de pierre une atmosphère réconfortante. Mon père avait aussi une cousine éloignée, une artiste peintre, méconnue mais pourtant talentueuse. Elle vivait dans une maison incroyablement chargée d’objets atypiques et de meubles anciens extraordinaires. Ces deux endroits ont été les points de départ de mon goût pour les vieilles choses. Mais aujourd’hui, ce sont les lieux eux-mêmes qui m’inspirent, me donnent des visions, des envies. Qu’on soit à la campagne ou dans un appartement parisien, je tiens compte des murs, du lieu, de son histoire.
Pour cette belle normande, j’ai sélectionné presqu’exclusivement des meubles et des objets d’époque pour créer une ambiance « maison de famille » mais sans surcharge. Contrairement à ma vieille cousine, j’aime les espaces clairs, épurés. « Less is more » pourrait être ma devise. Ludwig mies van der Rohe utilisait la formule à propos des objet eux-mêmes, du design, celui du Bauhaus, extrêmement dépouillé. Moi je l’appliquerais plutôt, à la quantité de choses que l’on possède. De belles choses, mais pas trop.
Quelle est ta pièce préférée dans cette maison ?
Je vais dire le salon. À la fois lumineux grâce aux nombreuses fenêtres donnant sur un jardin magnifique, chaleureux avec sa cheminée que nous avons re-dessinée, confortable et cosy, majestueux avec ses lustres et ses beaux miroirs, il est à la fois spacieux et convivial.
Mais dans ce projet, j’ai un faible pour la cage d’escalier ! Colonne vertébrale de la maison, elle est un clin d’œil aux anciens propriétaires qui avaient choisi une toile de Jouy d’esprit asiatique sur ses murs. L’idée m’avait séduite à la première visite, mais les dessins ne me plaisaient pas. J'ai souhaité revisiter le concept avec un bel intissé aux motifs printaniers et ce choix donne un caractère très fort à cet espace et à l’ensemble car on l’entrevoit de toutes les pièces où l’on se trouve.
Quelle place prend la seconde main dans la décoration de cette maison ? De tes projets ?
Elle est fondamentale. Que ce soit chez moi ou dans mes projets. C’est ma base. La seconde main est un élément central de mon travail d’abord parce-que j’aime l’ancien et par ricochet, d’un point de vue environnemental, c’est toujours une satisfaction de ré-utiliser.Qu’est-ce que le bon goût pour toi ?
C’est un concept personnel, ça n’existe pas vraiment ou plutôt ça existe pour chacun. C’est aussi quelque-chose qui, même de manière personnelle et spontanée dépend inévitablement de la mode, des tendances, sans que l’on ne s’en rende compte. D’ailleurs, même la seconde main est devenue une tendance ! Ma passion pour les objets et meubles anciens peut pleinement s’y épanouir et c’est très bien ! Peut-être que le bon goût ce sont ces meubles qui traversent le temps sans n’être jamais dépassés. Le génie de leurs créateurs est d’avoir su concevoir des objets à l’esthétique pure, à la durabilité et à la fonctionnalité irréprochables échappant à l’inconstance des modes. Ce sont ces objets là que je cherche. Ce sont aussi, je crois ces objets là que l’on trouve chez Debongout.